JEAN FAUCHEUR - Où est la photographie
17.10.2015 - 28.11.2015
JEAN FAUCHEUR - OÙ EST LA PHOTOGRAPHIE
Communiqué de presse
La Galerie ADDICT poursuit depuis plusieurs expositions un regard singulier sur le genre photographique. C’est pour cette raison qu’elle s’interroge aujourd’hui sur les liens ambigus unissant la photographie et la peinture, à travers le parcours atypique d’un peintre d’exception.
Jean Faucheur est une icône de l’underground parisien. Propulsé sur le devant de la scène, il a été de tous les mouvements « indé » du début des années 80. Personnalité attachante mais mystérieuse, il est adulé mais reste en marge. Respecté pas ses pairs, il est injustement sous estimé par le marché.
Prolifique et chef de bande, il a été l’instigateur des fameux Frères Ripoulin. Ce groupe de gais lurons collait leurs propres tableaux sur les panneaux publicitaires dans la rue. Leur succès fulgurant les a conduits en 1984 à New York, à la galerie Tony Shafrazi où se croisaient Warhol, Basquiat et Keith Haring. Les petits « Frenchies », managés comme un groupe de rock, s’appelaient Faucheur, Claude Closky ou encore PiroKao alias Pierre Huyghe. Le Centre Pompidou consacrait à ce dernier une rétrospective majeure en 2013, à tout juste cinquante ans.
Jean Faucheur, le jeune-homme surdoué, sorti major des Arts Déco ! excusez du peu, présentait un Solo Show à la Fiac de 1990, chez Agnès B. Résultat des courses, le stand était sold out avant la fin de la foire. Toutes les pièces avaient trouvées preneur ! Mais Faucheur en esprit libre qu’il était et qu’il est toujours, a préféré mener des combats incertains plutôt que de suivre un plan de carrière tracé à l’avance.
Vingt ans après ses premiers tableaux abandonnés dans la rue, comme des bouteilles à la mer, c’est la génération post-graffiti des années 2000 qui en fait son guru, terme qu’il assume car ce dernier devient le « miroir de l’autre ». Il n’hésite pas à prendre tout ce petit monde à rebrousse poil et à poursuivre son œuvre contre vents et marées.
Faucheur est autant attiré par la lumière que par l’ombre. Dans les deux cas, il se cache autant qu’il se montre. Il en est de même pour sa peinture. Il a toujours pris soin de faire disparaître l’objet de son délit. Les Ripoulin abandonnaient dans la rue leurs peintures mais pas leur ambition. Ils croyaient au crime parfait, partant du principe que s’il n’y avait pas de cadavre, il n’y avait pas non plus de crime.
Son « travail part toujours de la photographie », comme il aime à le répéter. Mais en bon franc tireur qu’il est, il s’ingénie toujours à brouiller les pistes, quitte à citer Alain Jacquet sans jamais le nommer. L’image photographique sera triturée, hachée, comme il le faisait au début des eighties en tressant des tirages Polaroïd, pour ne laisser que la trame de la pellicule apparente. L’image de base aura été contrastée au maximum, puis imprimée, c’est à ce moment là que le peintre entre en action et propose ses motifs colorés à l’acrylique.
Depuis 2012 sa peinture s’est pixellisée, ce qui lui permet d’interroger son obsession du visage et de sa disparition dans le portrait. La coulure dans ses toiles lui permet de camoufler « l’image de départ ». A partir de là, il peut commencer à expérimenter.
Où est la photographie ? est une exposition qui pose une question, celle de la distance qu’il faut opérer avec toute œuvre, pour qu’elle se révèle dans son entièreté. L’artiste aime semer le trouble, faire ciller le regard des spectateurs hagards. Où se niche la chambre noire dans ces peintures tramées ? Où se niche le négatif sur ces rouleaux de motifs cerclés ? Finalement où se cache Jean Faucheur dans ce travail qu’il porte en lui depuis quarante ans ?
Pierre-Evariste Douaire
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