MYRIAM MECHITA - LA DOUBLE ECLIPSE
10.04.2021 - 19.05.2021
Myriam MechitA - la double éclipse
Communiqué de presse
Je suis arrivé dans le monde de la lumière, de la lumière supraterrestre.
Mon cœur est maintenant libéré des tourments. Je suis une vaste plaine, un océan d’étendue.
Je suis arrivé à la lumière. Je suis devenu immortel.
Fais-moi brûler comme un feu allumé. Fais-moi briller.
Rig Véda
Cité par Henri Michaux dans L’infini turbulent (1964).
Une double éclipse est un phénomène rare. Une planète et la lune rencontrent l’un après l’autre le soleil. Pour la contempler, il se faut se trouver au bon endroit de la Terre et au bon moment. Pour de nombreuses civilisations, la double éclipse ne présage rien de bon. Nous rentrons dans la nuit. Elle est un moment de terreur, l’annonce d’une apocalypse, d’une catastrophe imminente. Le soleil est recouvert, la lumière disparaît le temps du passage d’une planète et de la lune. Si le phénomène s’explique d’un point de vue scientifique, il dépasse le pragmatisme et déclenche toutes sortes de superstitions, de croyances, de peurs et de projections. Durant ce court moment, le réel se transforme à nos yeux, du positif vers le négatif et inversement. La lumière laisse place à l’obscurité. Les ténèbres libèrent la clarté.
Lorsque je regarde les œuvres de Myriam Mechita, les dessins comme les sculptures, la poésie d’Henri Michaux résonne fortement. Il parle de « zones de choc », de « visions intérieures », de « vision noire », de « turbulences », de « surabondance », de « puissances occultes », d’exaltation, d’impulsion ou d’élan. Les deux artistes partagent une recherche de l’immensité, de l’infini, de l’abysse et du secret. L’un comme l’autre, ils, elles invitent à « larguer les amarres du confortable » pour expérimenter une plongée extrême, intranquille, merveilleuse et bouleversante. Myriam Mechita ne connaît pas la tiédeur. Son œuvre réunit les pôles que nous préférons opposer : la beauté, l’effroi, le fantasme, la vie, la mort, le désastre, la douceur, le désir, l’agonie, l’épiphanie, la jouissance, la furiosité et la suffocation. Myriam Mechita ne connaît que l’intensité. Les corps qu’elle représente, humains comme animaux, voient à travers le temps et l’espace. Il est quasiment impossible de les situer, ils nous échappent, nous regardent et nous appellent dans le silence.
Ici, elle a choisi de réunir des œuvres traduisant l’intensité de la lumière, des ténèbres, des espaces visibles et imperceptibles. La double éclipse ouvre des espaces que l’on ne soupçonne pas, des espaces étouffés où la lumière meurt lentement. Sur des palettes en céramique sont disposées des urnes en porcelaine. À la surface des vases blancs sont dessinés des yeux noirs en pleurs. Les larmes sont en or. Un grand dessin présente une femme assise sur un lit, des yeux recouvrent son corps. La série des dessins bleus résulte de lectures des cartes du Tarot. Ils sont des visions reflétant un éventail de sentiments, de souvenirs complexes et insondables. Ces derniers appartiennent à l’artiste, à celles et ceux qui ont disparu comme à celles et ceux présent.e.s face aux œuvres. Il n’est pas seulement question de territoire intime ou d’autobiographie, Myriam Mechita fouille au-delà des limites de son propre corps, de ses propres affects, forces et vulnérabilités. Avec exaltation et excès, l’artiste regarde à travers les profondeurs de nos histoires, à travers les entrailles de nos existences desquelles elle extrait des visions aussi troublantes que fascinantes.
La Galerie ADDICT & Laetitia Hecht présenteront du 10 Avril au 19 Mai, les oeuvres de Myriam Mechita dans le cadre de l’exposition « La double éclipse »
Julie Crenn
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